Le Mécanisme du Changement par le Choix
- Safiya aKa le Roseau
- 17 nov. 2024
- 4 min de lecture

Nous choisissons souvent sans même nous en rendre compte, pris dans le tourbillon de ce que l’on nous a enseigné, ce que l’on a appris, ce qui est devenu notre conditionnement. Ces choix répétitifs peuvent définir une vie entière, tracée sur le même chemin, un chemin familier et rassurant. Mais un jour, un petit choix, tout à fait anodin en apparence, se présente à nous. Il semble n’être qu’un détail, et pourtant, ce choix fait éclore une toute nouvelle réalité. Ce n’est pas nécessairement un choix grandiose ou spectaculaire. Il peut s’agir simplement de changer de route en allant au travail, de cesser de se conformer aux attentes extérieures et de commencer à observer ce qui est vrai pour soi, de prêter attention à la douceur de son corps et à ses besoins. Chaque changement, même infime, est un grain de sable dans le grand engrenage de notre existence. Et voilà que l’énergie, qui jusqu’alors suivait son cours sans questionner, emprunte un nouveau chemin, ouvrant un espace à de nouvelles possibilités.
Lorsque j’ai pris conscience des coulisses invisibles de ma vie, j’ai ressenti le besoin de silence. Il n’était pas question de partager mes découvertes, mes prises de conscience. Ce n’était pas que je craignais de ne pas être crue, mais je savais qu’autour de moi, peu de personnes seraient prêtes à entendre ce que j’avais à dire. Je savais aussi qu’il existait d’autres âmes en quête, qui recevaient des informations semblables aux miennes, et que, tôt ou tard, nos chemins se croiseraient. Il me fallait juste patienter. Trente-cinq longues années, avant d’oser écouter ce murmure intérieur.
Ce qui se cache derrière ma résistance au changement
Au fil du temps, j’ai appris à reconnaître les résistances enfouies en moi face au changement. Cette peur insidieuse qui surgit dès qu’on s’apprête à sortir des sentiers battus, à choisir un chemin différent de celui du confort et de l’habitude. En explorant cette peur, j’ai découvert une mémoire profondément ancrée, une mémoire d’un changement passé si radical qu’il avait marqué ma manière d’aborder la vie. Il y a bien longtemps, j’ai vécu une expérience de transformation qui m’a permis d’accéder aux coulisses des choix qui transforment tout. Ce ne sont pas nécessairement de « grands » choix – si tant est que le terme ait un sens – mais plutôt ces petits choix quotidiens, qui modifient en profondeur notre perception du monde.
Lorsque j’ai franchi ce seuil, j’ai été confrontée à une sorte de brigade invisible, une résistance venant de loin, m’expliquant que je me perdrai en empruntant ce nouveau chemin. On me disait que la solitude était à proscrire, que l’auto-amélioration était essentielle, que je devais poursuivre la quête de la perfection pour être complète, que mon destin était déjà tracé et que tout ce qui se présentait devant moi faisait partie d’un plan parfait… « Ne fais pas ceci, ne fais pas cela. »
Tout ce que je vivais, pourtant, m’invitait à choisir autrement.
Au-delà du choix
Nous savons tous, au fond de nous, que nous faisons partie d’un tout, que chaque choix, chaque geste, chaque pensée résonne dans un vaste réseau. C’est de cet endroit que j’ai expérimenté la magie du changement. Pour l’illustrer, je me souviens de l’un de mes choix les plus simples : celui de changer mon itinéraire entre chez moi et mon bureau. Un matin, poussée par un sentiment étrange, j’ai décidé de partir plus tard et de ne pas consulter l’heure. J’ai pris un autre chemin, sans souci de l’heure, sans pensée pour le retard que cela pourrait causer. Je me suis laissée aller à l’instant présent. Le décor changeait sous mes yeux, mon attention étant dirigée ailleurs, plus profondément dans l’ici et maintenant.
En arrivant, j’ai eu la surprise de découvrir que j’étais la première sur place. Ce petit changement d’habitude, ce lâcher-prise vis-à-vis du temps, a métamorphosé mon expérience. Ce jour-là, j’ai touché du doigt la vérité d’un principe fondamental : chaque choix modifie le contexte, ouvre une porte vers d’autres possibles. Ce n’était pas juste un changement d’itinéraire, mais un saut dans un nouveau champ de possibilités. Et lorsque nous choisissons autrement, nous créons une nouvelle réalité, une réalité que nous n’aurions jamais envisagée si nous restions accrochés à nos anciennes habitudes.
Ce moment de conscience m’a permis de voir que tout est un jeu, et que le destin n’est qu’une illusion si nous décidons de ne pas nous y conformer. Le véritable changement n’est pas un hasard, il naît du choix. Et ce choix, même minime, transforme tout. C’est là que résidait ma peur, une peur qui ne m’appartenait pas, mais qui faisait partie d’un mécanisme de freinage profondément ancré. Une fois pris en conscience, ce mécanisme se dissipe, comme une brume dissoute par la chaleur du soleil levant.
Changer les automatismes
Dès lors que j’ai commencé à ôter ces automatismes, ces programmations mentales, de ma vie, j’ai vu s’éclaircir l’écran sur lequel j’avais projeté ma réalité. Chaque geste, chaque pensée, chaque choix, même le plus infime, a le pouvoir de faire fondre les murs invisibles de nos certitudes. En prenant conscience de ce pouvoir de transformation, j’ai compris qu’il suffisait de quelques individus pour bouleverser un système entier, remettre en question l’ordre établi et ce qui semblait immuable depuis des millénaires. Imaginez un instant ce qui pourrait se produire si nous étions des centaines, des milliers à choisir autrement, à faire le pas audacieux de la transformation intérieure. Le monde entier pourrait changer, non pas par une grande révolution, mais par une multitude de petites révolutions intérieures.
Ainsi, le changement est avant tout une question de choix. Et chaque choix, aussi modeste soit-il, ouvre la voie à une transformation profonde. Que ce choix soit celui de changer son itinéraire quotidien ou de réinventer sa manière de voir la vie, chaque petit acte de choix est un acte de création. Et c’est là tout le pouvoir que nous détenons.
Le Roseau
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